Batik. Rappel historique et théorique

Avant que vous alliez voir la galerie de mes œuvres, j’aimerais faire un petit rappel historique et des techniques de Batik, cela promet d’être intéressant ! Cela permettra non seulement de satisfaire l’intérêt, purement cognitif, mais aussi d’apprécier individuellement les valeurs artistiques de cette technique complexe, quel que soit l’endroit où vous les voyiez – dans le métro, sur l’épaule d’une dame intéressante, ou dans les musées, aux salons.
Qu’est donc Batik ? Si l’on le traduit littéralement de la langue indonésienne, cela veut dire « dessiner aux gouttes (de cire) ». La technique est complexe, à haute intensité de travail, tranquille, consiste à appliquer, sur le tissu, de la cire chaude et des couleurs couche par couche, en laissant ces dernières sécher. Chaque couche suivante recouvre les parties claires de la composition en n’amplifiant le contraste de couleurs et de tons que vers la fin du travail. Cette progressivité laisse le temps à l’artiste pour la réflexion et l’éducation de soi-même (ce qui, certes, est du domaine du luxe dans le monde contemporain).
À mon avis, ce processus est semblable à celui de méditation qui ne s’interrompe que par les fièvres émotionnelles expressives ou par les touches de la couleur. Après l’application de 5-6 couches, l’œuvre de longue durée ressemble à un chiffon en cire usé qu’on doit dégager, en mettant les gants, d’un air dégoûté, de la cire et se mettre au rituel – au développement de l’image à l’aide du fer à repasser chaud. Et, voilà, … soit c’est la magie qui vous surprend, soit vous êtes déçu profondément. Et, soudain, c’est la première chose que l’artiste admire comme premier spectateur, honnêtement et en se mettant en verve, les reflets tendres charmants de la couleur qui se répand à travers la soie chatoyante, les craquelures tarabiscotées, en appréciant à peine les valeurs de composition et de couleur de son œuvre.
Séquence de réalisation d’un petit Batik au cours du workshop.
L’art de Batik existe depuis les temps où les rois épousaient les bergères, mais moi, j’ai commencé à m’y intéresser à la fin du siècle passé, en tâchant de ménager mes voyages et l’étude des anciennes traditions de coloration des tissus. À Shanghai, par exemple, s’est bien conservé un petit atelier, usine « Blue nankin» où l’on fait traditionnellement du Batik au moyen de la cire et de la couleur bleue naturelle d’origine locale en se servant de l’ancienne technique «Lazze ». Visionnez les échantillons qui en proviennent.
Dans les montagnes de Népal, encore aujourd’hui, les tissus de coton, imprimés à la main, avec la technique Batik, sont utilisés pour les vêtements à porter de tous les jours. C’est très beau,- les couleurs naturelles d’origine locale mettent en relief l’originalité de l’aspect national et s’inscrivent de façon harmonieuse au paysage environnant. Et, en même temps, les ornements rappellent la proximité géographique de l’Inde.
Maintenant, je rêve, bien sûr, du Japon et de la Java. Dans la compréhension moderne, le mot « Batik » signifie les procédés différents d’application du dessin et de coloration des tissus. La notion du « Batik froid » sous-entend la méthode accélérée, simplifiée de dessin au moyen d’un tube en verre, d’une composition redondante et des couleurs à base d’aniline. Selon moi, la magie disparaît, par contre, le processus est accéléré de façon conséquente (bien qu’il existe toujours des procédés de compliquer le simple). Il existe aussi le dessin libre des tissus, la technique de dessin sur sol, le Batik nodulaire : tout un tas de choses.

La technique mixte et le dessin libre

De la réserve (Batik froid)

Peinture sur sol (paysage chinois)

Batik nodulaire
(surchemise)

De gauche à droite : deux panneaux – la technique mixte et le dessin libre ainsi qu’à l’aide de la réserve (Batik froid)- cette technique est trahie par les contours de protection (dans mon cas, dans le souci d’éviter le « vulgaire », ils sont légèrement teintés). Peinture sur sol (paysage chinois) et Batik nodulaire (surchemise). On peut poursuivre infiniment ce thème: nombreuses questions et subtilités sont restées intouchées. On va les traiter une autre fois. Soyez les bienvenus au monde du Batik!
Toutes les photos et le texte sont d’auteur.